MOQUES HIER… CES PRODUITS PASSENT DESORMAIS EN PRIORITE…

Des générations de consommateurs le diront, au cours des années de prospérité, certains produits dit de grande consommation aujourd’hui, étaient considérés comme faisant partie du panier de la ménagère pauvre. Dans les marchés du Cameroun de nos jours, la banane, le tapioca (gari), le maïs, le maquereau et autres hareng séchés, sont les plus sollicités. Les prix sont passés du simple au centuple. Preuve si besoin en est, que la pauvreté a pris de l’envergure, et que la vie chère malgré les déclarations et les engagements a gagné en galons. Cyrille Kingue Mbeppe.

J’ai eu il y’a quelques jours une grosse dispute avec une de ces commerçantes des abords de nos rues. J’ai envoyé ma fillette de 9 ans acheter de la banane et on lui a vendu trois doigts de ce fruit à 200 francs CFA. Pour mille francs, elle tenait à peine 15 doigts dans ce plastic noir. Avec insistance, j’ai interrogé la petite, elle avait bien dit, 1000francs CFA. Me sentant abusé, je suis reparti vers la dame, qui m’a rappelé textuellement ceci : « Papa, si tu ne veux pas je m’en fous, des hommes et femmes dans de grosses voitures achètent tous les jours ici et c’est comme cela que je vends » je fais fi ici, du quartier de résidence dans la capitale. Ce que je réalise, c’est que la banane ne se paie plus de mine. Elle connait désormais sa valeur. Ainsi mes souvenirs d’enfance ont surgi.

J’allais à l’école et recevoir une pièce de 25francs était une gratification de choix. Oui, manger de la banane se faisait dans les milieux de basse classe. En voyageant dans certaines localités, la banane était accrochée en bordure de chemin pour requinquer le voyageur, ce dernier se servait sans permission et poursuivait sa route sans dire un merci révérencieux. Oh ! ces années-là.

Je me réveille de cette rêverie et je fais un tour dans les marchés de 2023.

MAIS – MANIOC – TAPIOCA – PATATE DOUCE

Aucun de ces produits de grande consommation, ne se donne plus avec la petite monnaie. Quelques morceaux à 1000 francs, le panier reste vide. Un seau de 5 litres de maïs ou de tapioca à Yaoundé, finit la ration journalière d’une famille modeste. Les commerçants n’ont pas de temps à passer avec ceux qui discutent les prix. Et toute discussion entraine une volée de bois vert. On menace même de passer à la vindicte populaire une telle impertinence. « Allez parler aux gens qui mettent des grands costumes et qui sont à la télé tous les soirs, ils restent dans leurs bureaux et nous disent comment vendre ce que nous partons acheter hors de prix ». Cette phrase est régulière dans les marchés me dira mon accompagnatrice. Il y’a quelques décennies, les revendeurs de ces produits, faisaient les yeux doux à ceux qui les sollicitaient. 100 francs suffisaient à nourrir une famille de six personnes grâce à ces produits.

HARENG SECHES – MAQUEREAUX – SARDINES

Dans les poissonneries et autres étals, ces poissons sont hors de portée, 2000 francs le kilogramme, et vous obtenez 3 poissons congelés.  Pour nourrir une famille de 6 en une journée, il faut doubler la mise. « Ne mange plus le maquereau qui veut, mais qui peut » me taquine mon accompagnatrice. Juste pour dire que l’artiste musicien qui avait eu le disque d’or avec son titre « sapack » du nom d’un poisson bon marché, ferait en 2023 outrage à des dizaines de millions de citoyens.

PEAU DE BŒUF – BOYAUX DIVERS

Dans les boucheries, on s’arrache aux prix forts ces morceaux de viande. Ils sont prisés, on ne les vend pas en kilogramme, on demande sa quantité et on est servi. Un petit bout à 500 francs, pourtant les clients accourent et repartent satisfaits de pouvoir faire humer à leurs proches, leurs enfants le goût de la viande. Mais qui mangeait ces rejets? Ils étaient destinés aux sans-abris et aux pauvres extrêmes. Désormais, le boucher du coin les vend sur commande.

A la fin, mon accompagnatrice me propose de faire un tour au rayon des légumes…. Ici commence une nouvelle histoire.